Avec Macron et Scholz à Paris, Zelensky martèle son message aux Occidentaux

Dans le sillage de son passage remarqué à Londres, le président ukrainien est arrivé à Paris mercredi soir 8 février. Volodymyr Zelensky a été reçu à l’Élysée par le président français Emmanuel Macron, qui avait aussi convié le chancelier allemand Olaf Scholz. Il a précisé qu’il s’entretiendrait jeudi avec les dirigeants de l’Union européenne.

Le président Macron a dîné à Paris avec MM. Zelensky et Scholz, dans le but de « réaffirmer le soutien indéfectible » du couple franco-allemand à l’Ukraine, « et de poursuivre l’étroite coordination qui permet de répondre avec réactivité et efficacité aux besoins exprimés par Kiev », selon l’Élysée. Les trois dirigeants se sont exprimé devant la presse avant de se voir en petit comité. Un dîner organisé en toute hâte, selon l’AFP.

Le président ukrainien arrivait de Londres, où il a rencontré plus tôt dans la journée le Premier ministre britannique Rishi Sunak, le roi Charles III, et où il s’est exprimé devant le Parlement, pour son deuxième déplacement à l’étranger depuis le début de la guerre, il y a près d’un an, après un passage par Washington en décembre. Jeudi, Volodymyr Zelensky est ensuite censé discuter avec les dirigeants de l’UE. Il l’a confirmé ce mercredi.

Au palais présidentiel français, Emmanuel Macron a assuré son homologue ukrainien de sa volonté de poursuivre les livraisons françaises d’armes à Kiev. « Nous nous tenons aux côtés de l’Ukraine. Fermement. Et avec la détermination de l’accompagner vers la victoire et le rétablissement de ses droits légitimes », a-t-il déclaré. « Nous poursuivrons l’effort en matière de livraisons de moyens de défense. »

La visite que tu effectues ce soir à Paris est l’occasion pour nous de rendre d’abord hommage à l’Ukraine et à son peuple. Cet hommage, c’est aussi à toi personnellement que nous sommes heureux de pouvoir l’adresser, car ton courage, ta lucidité et ton engagement impressionnent…

Quant à Olaf Scholz, il a tenu en substance le même genre de propos : « Nous nous sommes engagés aux côtés de l’Ukraine (…) et nous avons également soutenu l’Ukraine par le biais d’aide financière, d’aide humanitaire et de l’armement, de l’artillerie lourde, de la défense antiaérienne et, plus récemment, de la livraison de chars de combat, et nous continuerons à le faire aussi longtemps que nécessaire. »

Zelensky réclame des avions au « plus tôt »

« Plus tôt l’Ukraine obtient de l’armement lourd de longue portée, plus tôt nos pilotes obtiennent des avions, plus vite se terminera cette agression russe et nous pourrions revenir à la paix en Europe », leur a répondu Volodymyr Zelensky depuis l’Élysée, dans la droite ligne des propos qu’il avait tenu plus tôt dans la journée à Londres.

Devant la presse, les deux dirigeants européens ont temporisé sur la question des avions, nouvelle étape dans le soutien à Kiev à laquelle le Premier ministre britannique Rishi Sunak avait, plus tôt dans la journée à Londres, semblé ouvrir la voie avec prudence

le président ukrainien #zelensky prendra la parole lors de l’ouverture du festival du film de Berlin @berlinale la semaine prochaine (pas encore clair si par video ou sur place). Il avait pris la parole aux festivals de Cannes et de Venise l’an dernier.

— Pascal Thibaut (@pthibaut) February 8, 2023

Macron ? « Je crois qu’il a changé »

Dans un entretien réalisé avant son départ de Kiev pour l’Europe occidentale, et publié ce mercredi, M. Zelensky avait parlé d’Emmanuel Macron et laissé entendre que ce dernier l’avait par le passé déçu. « Je crois qu’il a changé. Et qu’il a changé pour de vrai, cette fois », a-t-il déclaré dans cette interview au Figaro et à Der Spiegel. « Après tout, c’est lui qui a ouvert la porte aux livraisons de chars. Il a aussi soutenu la candidature de l’Ukraine dans l’UE. Je crois que c’était un vrai signal », ajoutait-il.

Après ce rendez-vous en petit comité, les deux hommes, Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky, pourraient effectuer le voyage entre Paris et Bruxelles ensemble. « C’est une option », a fait savoir l’Élysée, selon Reuters. Quoi qu’il en soit, Olaf Scholz se rendra bien à Bruxelles à partir de la France.

Sur les avions, « rien n’est exclu », dit Rishi Sunak

La tournée européenne du chef d’État ukrainien intervient à l’approche du premier anniversaire du conflit, le 24 février prochain. Il y a un an jour pour jour, M. Macron se rendait d’ailleurs à Kiev, sur le chemin du retour de Moscou, où il n’était pas parvenu à éviter le déclenchement de l’invasion russe. Le message aux Occidentaux de Volodymyr Zelensky est clair : il demande de lui fournir des avions, notamment, pour combattre Moscou.

M. Sunak a d’ailleurs fait un pas mesuré vers lui, en demandant à l’armée britannique « d’étudier » la possibilité de livrer des avions à l’armée ukrainienne sur le « long terme ». Le Royaume-Uni est « clair depuis longtemps sur le fait que, pour ce qui est d’apporter une aide militaire à l’Ukraine, rien n’est exclu », a-t-il dit, lors de sa conférence de presse avec M. Zelensky. Et d’ajouter que les livraisons d’avions « font bien sûr partie de nos discussions ».

« Nous en avons parlé aujourd’hui, nous l’avions fait précédemment et c’est pourquoi nous avons annoncé aujourd’hui que nous allons entraîner des membres de l’armée de l’air ukrainienne sur des plateformes aux normes de l’Otan », a souligné le dirigeant britannique. « C’est une discussion que nous avons avec nos alliés, car certains des avions que nous avons sont fabriqués via des traités communs avec plusieurs autres pays. »

« La Russie trouvera une réponse »

Ces propos ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. L’ambassade russe en Grande-Bretagne a en effet réagi. « Je voudrais rappeler aux responsables à Londres : dans un tel scénario, la moisson sanglante du prochain cycle d’escalade sera sur votre conscience, ainsi que les conséquences militaires et politiques pour le continent européen et le monde entier », a-t-elle lancé. « La Russie trouvera une réponse à toute mesure hostile. »

La conférence de presse de MM. Sunak et Zelensky avait lieu sur un site du sud de l’Angleterre où des soldats ukrainiens sont actuellement formés au maniement de chars Challenger 2 britanniques promis à Kiev. Et si le déplacement du leader ukrainien à Paris n’a pas donné lieu à un discours devant le Parlement, Volodymyr Zelensky assure qu’il va « discuter » de tous ces sujets avec des dirigeants de l’UE, ainsi que des « missiles de longue portée ».

Quant à Rishi Sunak, il assure que les Challenger promis par son pays seront opérationnels dès « le mois prochain » sur le terrain, confirmant le calendrier fourni en janvier par son gouvernement, qui avait évoqué des livraisons fin mars. « Les équipes ukrainiennes arrivées la semaine dernière (pour se former, NDLR) utiliseront les chars Challenger 2 pour défendre la souveraineté territoriale de l’Ukraine le mois prochain », a-t-il déclaré.

La France a annoncé début janvier la livraison à l’Ukraine de blindés de combat AMX-10 RC. Depuis lors, les États-Unis et l’Allemagne ont décidé de fournir à l’Ukraine des chars lourds de combat, les Abrams et les Leopard.

 

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