La France, emmenée par le chef Paul Marcon, a remporté la 20e édition du Bocuse d’Or ce lundi près de Lyon.
Un «rêve de gosse» qui se réalise: Paul Marcon a arraché lundi pour la France le Bocuse d’Or, Graal de la gastronomie, devant des adversaires scandinaves historiquement redoutables, le Danemark et la Suède.
Les tribunes bondées étaient survoltées avant même l’annonce des résultats. Entre supporters, c’était à qui criait le plus fort dans cette salle du Sirha, le salon des professionnels de l’hôtellerie et de la restauration qui a accueilli pendant deux jours ce combat de chefs à Chassieu, près de Lyon.
Et puis, le moment tant attendu. «Après Régis, ce sera Paul!», a lancé Jérôme Bocuse, président du concours, en ouvrant l’enveloppe contenant le nom du vainqueur, évoquant la victoire de Marcon père au Bocuse d’Or trente ans plus tôt, en 1995.
- 24 pays en concurrence
«Aujourd’hui, j’espère qu’on fait briller tous les yeux des cuisiniers, et des cuisiniers en devenir de France», a confié Paul Marcon à la presse, «fier» et visiblement ému aux côtés de sa commis Camille Pigot, également sacrée meilleure commis de l’édition.
Vingt-quatre pays se sont affrontés durant ces Jeux olympiques de la cuisine n’ayant rien à envier aux grandes compétitions sportives. Mental d’acier, gestes minutés, précis. Les chefs n’avaient pas droit à l’erreur pour monter sur les marches du podium.
Pour Paul Marcon, compétiteur hors pair de 28 ans, l’objectif n’était «ni de se faire un prénom, ni de se faire voir, ni rien du tout».
Seulement celui de réaliser ce qui a toujours été son «rêve de gosse» et ainsi décrocher une neuvième consécration pour la France.
- Chevreuil, foie gras et thé
Cette 20e édition du Bocuse d’Or rendait hommage à son fondateur, l’illustre chef lyonnais Paul Bocuse, disparu en 2018 à l’âge de 91 ans, grand amoureux des produits du terroir et du gibier.
Les candidats disposaient de 4 h 40 pour servir à l’assiette un mets sublimant le céleri, le maigre et le homard.
En parallèle, ils ont 5 h 30 pour réaliser un plateau, composé d’un plat et de trois garnitures, autour du chevreuil, du foie gras et du thé. Tous devaient mettre l’identité de leur pays à l’honneur.
La prestation de la France? «C’était ciselé, c’était propre, c’était net», a chaudement salué le chef français Davy Tissot, président du Comité international d’organisation du Bocuse d’Or et lui-même vainqueur en 2021.
- Deux ans de travail
Dimanche, puis lundi, c’est tout un essaim de toques blanches qui a poché, flambé, déglacé, avec des mouvements quasi automatiques.
«On connaît notre partition par cœur», soulignait Paul Marcon en amont du jour J, qui obtient aujourd’hui «la récompense d’un travail de deux ans, même plus».
Ni la ferveur des supporters en tribunes, ni les nuées de caméras circulant à travers les îlots n’ont su déconcentrer la crème de la cuisine de compétition, qui s’est affairée aux fourneaux sans relâche.
Dans les gradins, Magnus Rosendahl, 25 ans, plaçait toute sa confiance dans le chef danois Sebastian Holberg, vainqueur de la sélection européenne.
Il espérait pour le Danemark un quatrième sacre au concours, un doublé après la victoire de 2023. «Je veux l’aider à réaliser ses rêves», avait-il dit à l’AFP, frappant sans discontinuer sur son tambour, dans un nuage de confettis.
- «On veut battre la France»
À l’annonce des résultats, la salle a tout de même rugi de joie en voyant les Danois monter sur la deuxième marche du podium, juste au-dessus de la Suède, puis de la Norvège, redoutable candidat (cinq victoires) qui cette année a dû se contenter d’une quatrième position.
Si les pays scandinaves sont aussi dangereux, c’est parce qu’ils ont «compris cette finesse, cette élégance, ce raffinement» nécessaires pour briller sur cette Coupe du monde, avait estimé auprès de l’AFP Romuald Fassenet, président de la Team France, et membre du jury.
Selon lui, la menace ne venait toutefois pas seulement du Nord, mais de «partout». «C’est comme au football, où on veut toujours battre le Brésil. Au Bocuse d’Or: on veut battre la France!», avait-il lancé.